8 avril 1834 Puisque l’espoir de te voir ce soir s’évanouit à chaque instant, ma pauvre bien-aimée, je veux du moins qu’un tendre bonjour de moi aille te trouver demain matin dans ton lit à ton réveil. Tu recevras cette petite lettre vers onze heures du matin et j’espère qu’elle sera la première chose que liront tes beaux yeux encore à demi noyés dans le sommeil. Tu feras entr’ouvrir ta fenêtre et ton rideau, tu sentiras battre ton cœur en voyant combien je t’aime, et tu seras rose et joyeuse pour le moment où je t’embrasserai. Je pense que d’ici là il y aura une triste soirée et une triste nuit solitaire à passer, et cela m’attriste. Mais quand on s’aime, il faut souvent vivre dans le lendemain. A demain donc. J’aime ton âme comme j’admire ton visage. Tu es un beau livre admirablement relié. Je te remercie de m’y avoir si souvent laissé lire. Je te baise de la tête aux pieds. V. |